Et si on votait autrement ?
avec Antoinette BAUJARD, Professeur de Sciences Économiques à l’Université Jean Monnet de Saint Etienne et Membre du GATE (Groupe d’analyse et de Théorie Économique) de Lyon-Saint Etienne, laboratoire du CNRS.
Spécialiste d’histoire et de philosophie de l’économie du bien-être, elle explore comment sont traitées les questions éthiques en économie. Ses recherches visent à contribuer à un savoir pragmatique sur les propriétés normatives des instruments de décision publique, dont l'évaluation des politiques publiques, les processus délibératifs et les règles de vote.
Elle coordonne notamment l'opération Voter Autrement, qui expérimente des modes de scrutin alternatifs lors des élections présidentielles françaises de 2007, 2012, 2017 et 2022.
Depuis CONDORCET, nous savons que la règle majoritaire, valable quand il n’y a que deux options, n’est plus satisfaisante quand il y en a davantage. En outre, des comportements stratégiques (le fameux vote « utile ») ou spécifiquement liés à chaque mode de scrutin peuvent venir perturber la signification des résultats et exacerber certaines frustrations.
Des expérimentations conduites au moment des élections présidentielles de 2002, 2007, 2012 et 2017 montrent comment les résultats auraient été différents avec d’autres méthodes. Par exemple, les votes peuvent autoriser de mettre des notes ou d'approuver (ou non) chaque candidat. Les enquêtes révèlent que les citoyens souhaitent s'exprimer plus lors du vote.
Pourquoi et en quoi ces résultats diffèrent-ils quand on change de mode de scrutin ? Quel impact prévoir ? Offrir plus de possibilités d'expression est-il toujours souhaitable ? Qu'apprend-t-on, en creux, du fonctionnement de notre démocratie électorale ?
Cette séance rappelle qu'aucun mode de scrutin n’est parfait : tous ont des défauts, qu'aucun n’est neutre, et que chacun a sa propre façon de façonner notre démocratie.